lundi 21 décembre 2015

L'amie prodigieuse

L'Amie prodigieuse, d'Elena Ferrante, éditions Gallimard

Voici le roman que je conseille le plus souvent ces derniers temps car il répond aux attentes du plus grand nombre : pas trop triste, facile à lire tout en étant bien écrit. Moi j'ai eu le coup de foudre.
Je l'ai découvert bien tard. En fait, il est sorti depuis un moment. (Il paraît d'ailleurs en poche en début d'année 2016)

A la manière de ces vieux films italiens en noir et blanc de la fin des années cinquante, le roman s'ouvre sur un quartier populaire de Naples. Ici, on s'interpelle, on s'invective aussi, et chacun suit les petites histoires des uns et des autres. Mais la vie est dure surtout, hantée par la misère.

Elena vit dans ce quartier. Une petite fille studieuse qui a vite compris que l'école était son unique chance de s'en sortir face à la pauvreté. Ses parents veulent pourtant qu'elle arrête les études, mais devant la détermination de son institutrice, on l'autorise à continuer.
Très vite, elle se rapproche d'une camarade de classe, Lila, qui deviendra sa meilleure amie.
Lila est vive, intrépide, charismatique. Elle semble toujours avoir un temps d'avance sur les autres. Elle ne remporte d'ailleurs pas tout de suite la sympathie du lecteur qui devine une âme noire et tourmentée.
La brillante élève est elle aussi confrontée à la même menace. Mais elle, est obligée d'arrêter ses études pour aider à la cordonnerie de son père.
Malgré cela, elle continue de suivre ce qu'étudie Elena qui lui raconte tout, et qui ne semble vivre qu'à travers son prisme. Cette amitié naissante pousse chacune des petites à se dépasser.
Puis le lecteur les voit grandir. Les premiers émois surviennent, le corps qui se modifie, certains rêves qui s'envolent tandis que d'autres ouvrent des possibilités d'avenir.
En parallèle, on découvre un Naples qui change aussi, le quartier qui se modernise.
Elena entre au lycée. Quant à Lila, elle suscite les premiers émois masculins, elle qui ne s'intéresse pas aux garçons.
L'histoire se termine aux rives de l'adolescence, laissant au lecteur avide de connaître la suite de nombreuses interrogations. (heureusement, trois livres suivront, déjà sortis en Italie.)


Quel bel éloge de ce sentiment merveilleux et complexe qu'est l'amitié.
Car ce texte montre subtilement les influences que l'on peut subir lorsque l'on est encore enfant ou adolescent, en quête d'un modèle, d'une personne à admirer. Et encore, quels beaux passages nous rappellent le difficile passage à l'adolescence rythmé par les pertes de repère, le spleen, les doutes, un monde de possibles qui s'ouvre à soi.
En cela, il constitue un magnifique roman d'apprentissage.
Quant à Naples, le paysage de ses quartiers populaires apparaît au fil des pages dans un panorama particulièrement vivant. Tout sonne parfaitement juste.

Enfin, parlons un peu de l'auteur auréolé d'un certain mystère. En effet, on dit qu'Elena Ferrante serait le pseudonyme d'un romancier napolitain.
Aucune interview n'a été faite de l'auteur qui refuse d'être un personnage public. A l'heure de la télé réalité, où chacun veut sa minute de célébrité, ceci renforce encore mon admiration.

Que vous dire de plus sinon que je ne pourrai rien lire d'autre tant que je n'aurai pas eu la suite de ce prodigieux roman qui sort début janvier 2016 sous le titre Le Nouveau nom.

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