lundi 8 août 2016

En déambulant dans un hôpital indien


Ma sœur vit à Mumbai. Alors qu'elle était enceinte, elle a souvent été obligée de préciser qu'elle accoucherait dans l'hôpital des Stars de Bollywood, surtout lorsqu'elle voyait le regard de certains interlocuteurs se décomposer en l'imaginant sans doute accoucher par terre dans la rue, appuyée sur un sac d'ordures et entourée d'indigents, une vache sacrée observant nonchalamment la scène en mâchouillant un sac plastique.

Ayant été la voir chez elle quelques jours avant la délivrance, ma mère et moi avons donc eu le privilège de faire une certaine forme de tourisme médical en visitant plus souvent qu'à notre tour le Lilavati hospital de Mumbai, et en particulier ses salles d'attente.
C'est pourquoi j'ai décidé d'y consacrer un post, sachant que ce genre de sujet n'est pas très souvent abordé !

En effet, c'est un endroit passionnant pour quiconque souhaite y porter un regard purement sociologique. (J'en veux pour preuve les écriteaux qui rappellent aux visiteurs la règle suivante : "Determination of the sex of the fœtus is not performed in this hospital. It is legally prohibited."* En cause les trop nombreux infanticides de petites filles... Glaçant mais bien réel)


Mais rentrons dans le vif du sujet : Comment aller rendre visite à un malade, vous demandez-vous !
Et bien c'est très simple, il suffit de se rendre à l'accueil... Facile, non ?!
Mais ce n'est que le début d'un long périple... Une personne vous donnera un badge après avoir demandé l'identité du malade, son numéro de chambre, sa couleur préférée et les six derniers chiffres de ses comptes en Suisse.
Ledit badge doit ensuite être remis à des employés à la mine patibulaire (l'un d'eux ressemblait aux méchants moustachus des séries TV des années soixante-dix) qui barrent l'accès aux ascenseurs. Fort de son pouvoir, le moustachu vous autorisera ou non à monter dans l'ascenseur... Dans la majorité des cas, le visiteur pénètre dans un minuscule et profond habitacle dans lequel s'entassent déjà une vingtaine de personnes (si toi claustrophobe... N'y va jamais ! C'est l'enfer)
Précisons que le visiteur sait quand il part mais jamais quand il arrive, vu que le préposé aux boutons le fait d'une manière défiant toutes les règles de la logique.

C'est un fait, l'hôpital indien dispose d'un nombre impressionnant de personnel administratif et soignant, pour beaucoup des hommes, habillés d'uniformes allant de la couleur saumon (très seyante au teint) au beige vomi (les couleurs des années soixante pour faire simple) selon leur emploi, ce qui donne la curieuse sensation d'évoluer sur le plateau des séries Mannix ou Columbo.
Et du personnel, il y en a pour toutes les tâches, notamment dans les ascenseurs.
Lorsqu'ils sont un peu petits, ils ne contiennent d'ailleurs que peu de personnes, puisqu'il faut compter avec le liftier assis sur son tabouret en plastique, qui passe sa journée dans l'ascenseur à monter et descendre, au cas où personne ne saurait appuyer sur le bouton.

Je vous aurais bien illustré tout cela de quelques clichés, si les hôpitaux indiens n'étaient pas classifiés lieux stratégiques. Il est donc interdit d'y apporter un appareil photo. (Mais je sais de source quasiment sûre que c'est par peur de se faire plagier la coupe et la couleur de leurs uniformes hospitaliers beige/marron/abricot)... on s'est donc fait confisqué notre appareil photo par manque de discrétion... Et je me suis rendue compte lors d'une épiphanie aussi brusque que soudaine que ma mère faisait un piètre espion... Et moi pas mieux... Bref, on s'en fiche puisque le portable est toléré. (No comment sur leur niveau de protection stratégique )

La preuve...


Sinon, question hygiène, c'est très propre, pas du tout en terre battue. Et même tout carrelé ! D'ailleurs, on a eu beau regarder partout, pas une seule vache sacrée ne déambulait dans les couloirs de l'hôpital (Après... Il est vrai qu'on n'a pas fait tous les étages.), ni aucun indigent d'ailleurs...


Enfin, ce que l'oeil occidental a peu l'occasion de voir, ce sont les petits autels dont l'hôpital dispose, avec les statues du panthéon hindouiste, bien en vue dans les salles d'attente, devant lesquels une personne sur trois se prosterne, alors qu'en occident, nos salles pour prier sont souvent cachées dans les méandres des hôpitaux, et finalement assez peu fréquentées.




Quant aux différents services médicaux, les technologies de pointe utilisées, la pudeur et le secret défense m'empêchent d'en parler... Désolée...

Blague à part, vous aurez compris que cet hôpital dispose d'un personnel ultra compétent... Et qu'il aura toujours une place particulière dans mon esprit car il a vu naître par un pluvieux jour de juillet, quelques heures seulement avant que nous ne prenions notre avion de retour une magnifique petite princesse !


PS : Je réserve à ma sœur le droit d'infirmer tout ce que je dis, voire d'y rajouter si elle le désire quelques anecdotes sur ce sujet que je suis loin d'avoir abordé de manière exhaustive.


*La détermination du sexe du fœtus n'est pas effectuée dans cet hôpital. Elle est interdite par la loi.

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