Douleur, de Zeruya Shalev, Gallimard |
Iris est gravement blessée dans l'explosion d'un bus à
Jérusalem. L'attentat a bien sûr bouleversé sa vie ainsi que celle de sa famille, faisant naître une grande culpabilité face à ses enfants qui ont assisté impuissants aux souffrances de leur mère.
D'ailleurs, chacun rejoue la scène à l'infini se demandant s'ils auraient pu éviter le drame si la petite fille s'était préparée plus vite ce matin funeste, si le fils avait été moins remuant, si le père avait pu les accompagner à l'école, défaisant l'écheveau du temps pour voir si dans un univers parallèle Iris aurait échappé à l'attentat terroriste.
Poussée par son mari, elle se rend
dans un centre anti douleur afin de consulter un médecin. Celui qui
s'occupe brièvement d'elle n'est autre que son premier amour, l'unique,
le seul homme qu'elle ait jamais aimé et qui l'a quittée lorsque sa mère est
morte.
Ensuite, marquée à jamais par ce premier chagrin d'amour, elle n'a jamais donné la moindre chance aux autres hommes, notamment son mari d'ouvrir son coeur comme elle l'avait fait avant.
Tandis qu'Iris est plus que troublée par sa rencontre avec le passé, sa fille qui est partie étudier à Tel-Aviv finance ses études en travaillant dans un bar. Elle s'éloigne peu à peu des siens, ombre d'elle-même, visiblement sous l'emprise de son patron qui se pose plus en gourou qu'en simple supérieur hiérarchique.
Ainsi, ce dixième tragique anniversaire est le détonateur qui poussera chacun à tout remettre à plat dans sa vie. Mais si Iris tergiverse, c'est aussi une femme forte qui n'a pas peur d'affronter ses désirs, quitte à mettre en danger l'équilibre précaire qui règne dans sa famille.
Au cœur de ce roman, la question des choix que chacun fait tout au long de sa vie. Iris veut vivre sa passion mais pas abandonner sa fille.
Shalev nous prouve encore une fois, comme dans Mari et Femme, Une passion amoureuse sa maîtrise dans l'écriture des sentiments, sans fausse note ni hors sujet dans un roman incroyablement bien construit.
Quant à la fin, elle jette selon moi une belle note d'espoir sur la vie d'Iris et des siens.
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