Vongozero, de Yana Vagner, éditions Mirobole et Pocket |
Vongozero nous embarque dans une Russie ravagée par une mystérieuse et mortelle épidémie. Un scenario déjà lu mille fois. Et pourtant, ne passez pas à côté de cette road-story palpitante !
Ainsi donc, Anna, son fils Micha et son mari Sergueï vivent à la
périphérie de Moscou. Brisant la monotonie du quotidien moscovite,
quelques morts étranges surgissent sans pour autant alarmer la
population. Lorsque finalement la ville est mise en quarantaine et
gardée par l'armée, il est déjà trop tard, l'épidémie est désormais hors
de contrôle.
Confortablement installés dans leur villa de banlieue cossue aux
larges baies vitrées, Anna et sa famille ont du mal à réaliser
l'ampleur de la catastrophe. Lorsque Boris, le père de Serguei débarque
un soir pour les presser de quitter les lieux, ils comprennent l'urgence
du départ. Serguei pense alors à une île au milieu d'un lac appelé
Vongozero à la frontière de la Finlande qui pourrait leur permettre de
survivre à la maladie. L’isolement semblant être la condition de leur survie.
Commence un terrible périple à bord de trois voitures pour la
petite famille, accompagnée de ses voisins, de l’ex-femme de Sergueï et
leur jeune fils, et d'un couple de connaissances rencontré en chemin.
Il faut surtout éviter les villes sans doute contaminées, se
garder des pillards, trouver de l'essence et de la nourriture pour
terminer le voyage, et lutter contre le froid mordant de cet hiver
russe. La tension augmente avec le sentiment d’insécurité et la
promiscuité, les conventions sociales volent en éclat, inefficientes
face à l'instinct de survie.
L’auteure préfère aux grandes scènes apocalyptiques l'étude
psychologique des personnages, tendus à l'extrême par le huis-clos qui
se trame dans l'habitacle de leurs véhicules, solitudes à peine percées
par de brêves mais essentielles communications via la C.B. qu'ils ont installé dans leur voiture pour prendre
les décisions relatives au trajet.
Dans cette fuite éperdue, Anna raconte, et le lecteur adopte son point de vue, suit ses agacements face à la présence imposée des autres survivants. Si les personnages paraissent un peu stéréotypés au départ, les conflits qui éclatent immanquablement révèlent les cassures, les lâchetés, et leur font gagner de l'épaisseur, des blessures que Yana Vagner a su rendre avec subtilité, tout comme l'équilibre précaire et cyclique des relations humaines en situation de stress.
L'environnement tient une place primordiale dans l'avancée de
l'expédition, les étendues glacées par des températures polaires, les
véhicules qui risquent à tout moment de basculer sur les routes non
damées. Même la Nature reprend ses droits sur les êtres humains, leur
rappelant leur précaire condition.
Quant au lecteur, il souhaite que les survivants parviennent à Vongozero et que la tension puisse enfin s’apaiser. Car peu importe ce qu'ils trouveront là-bas, y arriver les gardera en vie...
Si ce premier opus vous plaît comme moi j'ai aimé, il existe une suite : Le Lac tout aussi passionnante... Et la fin prend le lecteur à regret, espérant qu'une autre suite vienne encore enrichir cette extraordinaire aventure post-apocalyptique... Et surtout, les survivants ne sont pas forcément ceux qu'on croit ;-)
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