dimanche 4 octobre 2015

Le Puits

Le puits, d'Ivàn Repila, édition Denoël


On pourrait presque imaginer une affiche sombre, des lettres dégoulinantes écrites en rouge sang façon film d'horreur, et une voix grave qui dit : Leeee puits.... AhhhAhahahAh !

Le puits ressemble par son ambiance à un conte fantastique dans la tradition de la littérature hispano-américaine. (même si son auteur est espagnol)
L'histoire est simple. Deux enfants, qui sont nommés le grand et le petit tombent dans un puits. Comment sont-ils arrivés là et pourront-ils en sortir ?


En premier lieu, il y a l'espoir. Ils s'en sortiront. Impossible qu'il en aille autrement. Le grand refuse de manger le contenu du panier à provision tombé avec eux au fond du trou et s'applique à faire des exercices physiques chaque jour.

Après une première tentative d'évasion qui tourne à l'échec, les enfants apprennent l'attente et la survie réduite à son expression la plus élémentaire : Trouver quelques racines, des vers pour se nourrir jour après jour. Semaine après semaine. Ne pas gaspiller son énergie. Et surtout ne pas perdre la raison.

Le grand montre la force de son mental lorsqu'il retient son petit frère de dévorer un oiseau mort tombé dans le puits.
Il lui explique que le manger ainsi les rendrait malades, eux qui sont affamés et n'ont pour quotidien que des vers, des mouches et des racines.
Il faut attendre qu'il se décompose et ils pourront alors dévorer larves et mouches à foison.
Le petit l'apostrophe, l'injurie, torturé par la faim mais se soumet à la volonté de son frère.

Peu à peu, leur condition physique et mentale se dégrade. Le petit commence à avoir des hallucinations qui sont autant de petites fables ou de contes qui semblent venir de temps ancestraux.

L'équilibre des forces change aussi tout au long de l'histoire. En premier lieu, le grand semble avoir le dessus sur le petit. Il se montre froid, presque hostile, comme s'il n'avait aucun sentiment pour ce dernier. Mais les sentiments sont mouvants dans ce huis-clos oppressant, et le petit prend peu à peu de l'assurance face à son aîné.

Reste pour le lecteur l'impression de lire cette petite fable en apnée, oscillant entre espoir et désespoir quand les jours succèdent aux semaines, et que l'issue paraît inéluctable pour les deux enfants.

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