dimanche 25 octobre 2015

Les Portes de Damas


Les Portes de Damas, de Lieve Joris, Babel


Le récit de voyage est un genre littéraire passionnant. L'aventure sans les valises, l'imodium et les moustiques. Bref, un must (Ou comment se la jouer grave dans les dîners mondains)

Hier par exemple, j'étais à Damas... Bon, hier c'était en 1993, juste après la guerre du golfe, sous la dictature d'Hafez El-assad, et il faut que vous m'appeliez Lieve (et pas lièvre comme s'ingénie à me le suggérer le correcteur orthographique)

Vous ne connaissez pas Lieve joris ?
Cette néerlandaise a écrit de très bons récits de voyage lors de ses multiples périples entre l'Afrique et le Moyen-Orient.
Dans Les Portes de Damas, le lecteur suit son immersion pendant plusieurs mois à Damas, où elle loge chez son amie Hala dont le mari est prisonnier politique, enfermé dans les geôles syriennes depuis dix ans.

La force de ce texte réside dans la narration du quotidien.
Par cette évocation de l'ordinaire des femmes syriennes notamment, Joris nous livre un témoignage capital pour comprendre la culture syrienne et les racines de la Syrie contemporaine.
Un pays dans lequel chacun surveille son voisin, où les enfants semblent sortis du 1984 d'Orwell, et dans lequel les mariages sont toujours arrangés. Personne n'est rien sans une wasta, le passe-droit que peut offrir la position sociale d'une personne, comme Hala qui est professeur d'université.
Et puis la censure est partout, des pages arrachées dans Le Monde aux romans dont certains chapitres sont entièrement supprimés, entretenant la population dans l'ignorance et la haine de certains peuples, comme Israël.

On ne peut s'empêcher d'éprouver de la colère en lisant ces pages vingt ans après, quand on pense aux conditions de vie des Syriens qui se sont encore dégradées aujourd'hui.
Dans un épilogue de 2015 ajouté à la présente version, on apprend ce que sont devenues Hala et sa fille, et le lecteur d'apercevoir les ravages causés par la guerre et la dictature.

Après les hommes, les lieux... Je ne peux ressentir que tristesse à l'idée de ne jamais croiser l'ombre de Lawrence d'Arabie au détour des salons de l'hôtel Baron d'Alep et de ne jamais voir le soleil se coucher sur les ruines du temple de Baal à Palmyre. (excusez le lyrisme)

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