jeudi 30 juin 2016

Bombay sous la mousson





Venue à Bombay pour retrouver ma sœur qui attend un bébé dans les jours qui viennent, j'ai par la même occasion découvert ce qu'était la mousson.
J'imagine que vous savez qu'il s'agit d'un système de vents alternatifs affectant les régions tropicales, particulièrement le pourtour de l'océan indien et l'Asie du Sud. Autour de l’océan Indien, des vents saisonniers soufflent pendant six mois de la mer en direction de la terre, amenant de grandes quantités d’eau. La mousson dite d’été donne alors naissance à d’importantes précipitations, sources d’inondations*.
En résumé, l'Inde bénéficie ces jours-ci d'un temps chaud et très très humide.

En amont de mon voyage, il a bien fallu s'équiper en prévision du temps, et malgré mes velléités d'achat de magnifiques bottes Aigle bleu marine, je me suis vite rendue compte qu'il aurait mieux valu écouter ma sœur qui vit là-bas et qui me recommandait d'acheter directement sur place des petites chaussures de plage en plastique, histoire d'éviter de voir mes pieds bottés finir en marinade à la vapeur ou transformés en expériences fongiques.



Le parapluie s'est bien évidemment avéré indispensable, même si certains lui préfèrent la cape de pluie qui laisse les mains libres, mais avec cette température tropicale, la matière plastique laisse peu respirer la peau en dessous, un peu comme les bottes évoquées plus haut...
Avec la chaleur accumulée, elle peut vite donner la sensation de se balader dans un sauna portatif, ayant pour conséquence de se retrouver plus mouillé par sa propre transpiration (erk) que par l'eau de la mousson.



D'un point de vue plus futile, la mousson décourage toute tentative de coiffure élaborée sinon toute coiffure tout court. C'est simple, si on a le cheveu souple, on risque fort de se distinguer par une belle coiffure afro que vous envieraient les Jackson five.
De même, les restaurants un peu chic mettent la clim à fond, obligeant leur clientèle à emporter dans son sac un gilet, voire un bonnet et des moufles alors que la température extérieure est tropicale.



Mais parlons plutôt de la météo pendant la mousson qui est toujours une surprise. Les précipitations arrivent d'un coup et repartent sans prévenir. Alors que le temps est encore sec, il n'est pas rare qu'une pluie drue chargée de vent se mette à tomber en rafales avec une puissance impressionnante au moment précis où l'on se décide à sortir. (comme par hasard !) et s'arrête dès qu'on vient de trouver à s'abriter. (comme par hasard!)

Dès qu'il pleut, la route se transforme rapidement en une boue de petits cailloux et en mares formées par les innombrables nids de poule.
Les trottoirs (quand il y en a) immanquablement envahis d'ordures et de feuillages en tous genres obligent le piéton à marcher sur la route, en file indienne (très pratique pour converser), se faisant klaxonner sans fin par rickshaws et voitures, ces dernières n'hésitant pas à accélérer brusquement si l'on ne se plaque pas derechef contre le mur le plus proche pour éviter tout accident.
Il faut bien dire que la vie humaine n'a pas le même prix selon sous quelles latitudes on se trouve. En Inde, c'est la douche ou la mort. Dure leçon de vie !
Si on ajoute à cela les éléments qui se déchaînent, le parapluie qui se retourne avec le vent et les gerbes d'eau soulevées par la circulation... la petite balade se transforme rapidement en trek de l'extrême, en déluge digne de la Bible.

Le largage des chaussures et du parapluie au seuil de toute porte d'entrée devient un rite habituel, tout comme le bain de pieds, surtout après avoir glissé son doigt derrière son talon pour remettre sa chaussure en place et de l'avoir porté machinalement à son nez. Celui-ci se retroussera avec horreur sous l'assaut des nauséabondes effluves, rappelant que cette boue est composée de terre, d'ordures, d'excréments, de cadavres décomposés et j'en passe.



Malgré tout, il y a quelque chose de l'ordre de la jubilation à marcher les pieds dans l'eau, un sentiment régressif de joie enfantine à passer sous cette pluie chaude et rafraichissante, surtout maintenant, alors que la mousson n'est pas encore trop forte.






Edit : Après avoir vécu le transport de ma lourde valise les pieds dans l'eau jusqu'à un hypothétique taxi, immergeant cette dernière dans des mares d'eau, les éléments se déchaînant avec un vent tel que l'usage d'un parapluie était parfaitement inutile... j'ai quelque peu révisé mon jugement sur la "jubilation" à marcher sous la pluie... La mousson : Un cauchemar, oui !
Edit2 : J'ai aussi été obligée de jeter mes chaussures de mousson une fois arrivée à l'aéroport tellement elles puaient, de peur de me faire arrêter pour tentative d'attentat bactériologique.

*source : http://www.futura-sciences.com/magazines/environnement/infos/dico/d/climatologie-mousson-4402/

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