jeudi 10 avril 2014

Où l'on en est du roman érotico-sentimental

-Je t'aime Christian !
-Hum, mais moi aussi Anastasia... !

Je sais, c'est pas joli-joli ce que je m'apprête à faire, et même carrément racoleur... Mais c'était sexe ou violence, et j'ai dû trancher... Alors ce sera littérature érotique aujourd'hui !
Mais attention, pas n'importe laquelle... Vous qui croyiez en avoir fini avec les fantasmes de la jeune godiche soumise au beau mâle bronzé, riche et musclé... Vous qui pensiez que c'en était terminé des Cinquante nuances et tutti quanti, et ben vous avez tout faux ! Pfff ! Mon dieu ! On est encore en plein dedans !


Les éditeurs continuent de surfer sur la vague, et ne cessent de nous sortir des déclinaisons du concept, qui, je vous le rappelle, n'est que du roman à l'eau de rose, du Harlequin à la sauce contemporaine, mais qui veut se donner des airs de respectabilité sous couvert de littérature générale (Editions Harlequin qui doivent grincer des dents aujourd'hui, de s'être fait piquer le juteux concept, alors qu'ils sont sur le créneau depuis tant d'années !)
Depuis, le rayon littérature érotique des librairies ne cesse de grossir de titres tels que : Tout ce qu'il voudra, Beautiful stranger, Beautiful bitch, Possède-moi, Dévoile-moi... (pas possible des titres pareils, va falloir faire quelque chose !!!! Mais où est passé l'ego féminin ?!!)

Mais de peur de lasser leurs lectrices, certains éditeurs ont pensé renverser la tendance, ou presque... en mettant en scène une femme de pouvoir... Car toi aussi, sache que tu peux être belle, ambitieuse et riche, et soumettre un homme à ton désir...(Quoi ? Tu ne l'savais pas ! Mais si, et tu n'es même pas obligée de lui repasser ses chemises et de mettre ses chaussettes sales dans la machine à laver) Bon, le gars doit quand même être beau, et riche... Ben non, il ne peut décemment pas être moche, con et pauvre, ça, c'est pas possible. (Ah ! Cher lectorat féminin !)
Contrairement à Cinquante nuances, où la jeune femme est quand même moyenne question beauté, pas riche mais quand même pas mal intelligente. En tout cas assez pour charmer un homme qui pourrait avoir au bas mot à peu près toutes les femmes de la planète, et accepter un contrat de soumission, mais systématiquement refuser tout ce qui rentre dedans... Genre : "Allo, Christian... Oui j'exige un avenant à mon contrat de soumission stipulant que je refuse la fessée, d'être attachée, et j'exige une pause de quinze minutes entre chaque séance de bondage... Compris ?! Sinon j'appelle mon avocat".

En tout cas, c'est ce que nous sert le nouveau roman chez Hugo roman : Love game, de Emma Chase, qui va bientôt sortir en librairie. Bravo pour le titre au passage, qui brille par son originalité... Ah ! Le jeu de l'Amour ! On dirait un titre d'AB Production.
Je vous livre le pitch de l'éditeur tel quel, parce c'est juste du caviar :
Drew Evans est riche, beau et arrogant et séduit les plus belles femmes de New York (Et Drew n'est pas du tout vantard, non, pas son genre !) jusqu'au jour où une femme lui résiste (Ben tiens). Kate est brillante, belle et ambitieuse (Bah oui, elle est trop belle et quand elle sera grande, elle sera princesse ou cheffe d'entreprise, hum ou peut-être avocate, elle sait pas trop encore...) mais fiancée et inaccessible (mais tu l'auras pas ! nanana !). Un duel amoureux et professionnel pimenté de magnétisme sexuel (hum ! ça sent les bisous devant la machine à café), le tout raconté du point de vue masculin avec beaucoup d'humour. (oui, parce qu'en plus d'être beau et riche, Drew est drôle, mais drôle ! un vrai petit comique !)

De plus, l'argumentaire éditeur nous prévient : "Vous saurez enfin ce que pensent vraiment les hommes!"
Alors là, permets moi d'en douter, mon gars, dans la mesure où c'est une femme qui a écrit ce roman. Ne serait-ce pas un peu de la publicité mensongère ça ? Hein ? Hein ?
Sauf à la rigueur si l'auteure, Emma Chase, s'appelait avant opération James ou Mathew... Et encore ! Un mec qui porte des jupes, je ne suis pas sûre que cela m'intéresse de savoir ce qu'il pense de ses relations avec les femmes, érotiquement parlant bien sûr...

Et pour couronner le tout, l'éditeur Hugo Roman n'a rien trouvé de mieux que de s'associer à une marque de lingerie : Implicite (Groupe de Simone Pérèle) pour la sortie de ce livre.
Mais il fait la même chose pour la sortie de Beautiful player, autre roman érotico-sentimental pour lequel il s'associe à la marque Aubade pour un jeu concours !
Et demain, ce sera quoi ? Offrir un Beretta 951 à la sortie du dernier polar de Michael Connelly ?

Alors bien, bravo... Mais sachez qu'en tant que femme, j'aime pas trop être prise pour une imbécile qui se jette sur les jeux concours à la noix, tout ça pour gagner un "kit sexy" composé sans doute de sous-vêtements en polyester rouge et noir qui grattent les fesses, et que je vais prendre mon pied à m'imaginer draguer Drew devant la photocopieuse en string !!

A cause de ce genre de bouquin, je vais être obligée de faire ma féministe... Pffff ! Nul !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire