Avez-vous déjà lu Une femme à Berlin ?

Je suis tombée sur Une femme à Berlin au hasard d'un vide-grenier, et je ressors bouleversée de la rencontre avec son auteure.

Nous sommes en avril 1945 lorsque débute son journal, dans Berlin bombardée. Cette jeune Berlinoise consigne dans des cahiers d'écolier son quotidien le jour où Berlin vit pour la première fois la guerre dans les yeux.
Elle y raconte la faim, les queues imposées par le rationnement, la descente dans les caves lorsque les bombardements font rage, et la mort omniprésente.
Et surtout, elle raconte l'arrivée des russes vainqueurs, la peur, et ce qui a longtemps été tabou : les viols commis par l'armée soviétique.

La force de ce témoignage tient dans le caractère de cette jeune femme : frondeuse, elle n'a peur de rien. Elle montre un incroyable instinct de survie devant ce qui lui arrive, avec parfois beaucoup de détachement. Femme lettrée, elle offre un texte bien écrit, émaillée de réflexions sur la guerre et la chute d'Hitler.
Car nous sommes bien au coeur de l'Histoire. Il n'y est plus question de nazisme, juste d'hommes et de femmes qui ont tout perdu, face à la défaite de leur pays.

C'est un éditeur américain qui l'a fait paraître pour la première fois en 1954. En effet, personne en Allemagne n'était près à entendre ce récit avec cette liberté de parole, ce jusqu'aux années 70 (Il a d'ailleurs été publié par une petite maison d'édition Suisse).
Quant à l'édition française, elle date des années 2000, et bénéficie de la préface éclairante de Hans Magnus Enzensberger.

Au-delà de la thématique de guerre et de drame forcément omniprésents, le lecteur sort de ce texte galvanisé par la force incroyable de son auteure.
Quant à moi, encore imprégnée de cette ambiance, je tarde à commencer un autre livre... Preuve supplémentaire que ce récit a été un grand coup de coeur.