dimanche 25 mai 2014

Dire adieu


Certains romans vous malmènent, vous arrachent à votre quotidien, vous font intensément réfléchir, laissent une trace bien après la fin de la lecture... Ceux qui évoquent la mort par exemple.
Non pas la mort évoquée par les romans policiers, dans lesquels cette dernière est quasiment désincarnée, et nous fait frissonner sans pour autant se sentir touchés.
Pas celle des feuilletons télés comme Les Experts ou encore les documents d'actualité comme Faites entrer l'accusé qui la banalisent dans une certaine mesure, et nous rendent paradoxalement plus éloignés encore d'elle. Parce qu'elle y demeure désincarnée.

Je veux évoquer ici les romans dans lesquels elle arrive sans qu'il n'y ait ni meurtre, ni crime.
J'entends par là la mort qui arrive dans la"vraie" vie, celle qui frappe au hasard, de plein fouet, ou encore de manière inattendue, de vieillesse, ou après un accident...
Quand elle est évoquée par la littérature, elle fait plus que nous maintenir en haleine car tout d'un coup, nous nous rendons compte à quel point nous sommes mortels, et donc combien nous sommes vivants.
Encore faut-il que le texte soit écrit avec maîtrise, talent et sobriété.

Tel est le cas du magnifique, magnifique, bouleversant : D'autres vies que la mienne, de Emmanuel Carrère (qui existe désormais en poche, aux éditions folio).
Tel est le cas du touchant, sobre, excellent texte : Dire adieu, de Sophie Avon, qui vient de paraître.
Tel est encore le cas du roman de Maylis de Kerangal (qui m'énerve par endroits par ses figures de style mais qui est quand même très bien) : Réparer les vivants.

Tous ces textes ont eu le même point commun pour moi... Celui de me faire pleurer, celui de me happer dans une autre dimension... Enfin celui de me faire sentir plus vivante une fois refermés.
Lisez-les, ces romans sont simplement beaux. Ils racontent chacun à leur manière la vie, la vraie.

4 commentaires:

  1. J'ai lu les 3 livres indiqués et je les trouve beaux tous les 3. Bons conseils...

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    1. Merci beaucoup... Des romans remarquables en effet. Dommage que cette thématique fasse parfois peur à certains lecteurs.

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  2. C'est normal que les gens aient la trouille. Peut-être faudrait-il préciser que dans le cas de "Réparer les vivants", la mort débouche sur une autre vie (le mot réparer n'est pas anodin) et que dans "Dire adieu", il y a bizarrement pas mal de gaité. Je me souviens moins bien du livre de Carrère...

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    1. Oui tout à fait.
      Au risque de répondre par un truisme, en effet, la mort appartient au cycle de la vie. Dans "Réparer les vivants", la mort sert à rendre la vie.
      Dans "Dire adieu", on ne peut qu'être admiratif face à cette femme qui désire mourir, avec cette espèce de force tranquille.
      Dans "D'autres vies que la mienne" comme dans "Réparer les vivants", la mort est violente et injuste. Elle touche de jeunes gens... des innocents.
      Ces textes sont bons parce qu'ils nous bousculent (et c'est que l'on demande à la littérature, non ?!)

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