J'ai vu un homme

J'ai vu un homme, de Owen Sheers, éditions Rivages

Michael est un écrivain de talent. Marié depuis peu, sa femme, grand reporter meurt au Pakistan dans une explosion déclenchée par l'un de ces tirs chirurgicaux censés ne faire aucun dommage collatéral.
Dévasté par sa mort, le jeune veuf part s'installer à Londres où il fait rapidement la connaissance d'un couple de voisins, Samantha et Josh et de leurs deux petites filles.
Une amitié naît entre eux.
Un matin, alors qu'il frappe chez ses voisins pour récupérer un tournevis, la porte est ouverte. Il entre, appelle et malgré l'absence des propriétaires, commence à arpenter les pièces vides.
Un fait survient alors qui va bouleverser le cours des événements, et changer la donne pour tous les protagonistes.


Il faut bien vous avouer que j'ai eu un gros coup de coeur pour ce roman dont tout le propos peut se résumer au postulat suivant : Michael, le personnage principal est-il finalement une victime, un type bien ou un odieux manipulateur.

La réalité n'est jamais simple me direz-vous. Et le premier écueil serait de lire ce roman au premier degré, sans y déceler les subtilités dont l'auteur a su faire preuve pour décrire les méandres de l'âme humaine. Un vrai travail d'équilibriste.

Michael est d'abord une victime, mais au fil de l'histoire, il va endosser un autre rôle bien plus complexe qui donnera au lecteur toute latitude d'interprétation.
En effet, la psychologie de ce personnage se dévoile au fil des pages : Un homme qui tient ses sentiments à distance, un peu égoïste, calculateur peut-être. Mais aussi sincère ?

Car si Michael est obsédé par la mort de sa femme, il cherche surtout un chemin pour comprendre ce qui s'est passé, et qui sont les responsables de la mort de sa femme. Mais veut-il vraiment faire son deuil ? Rien n'est moins sûr.
D'autres personnages portent aussi un drame en eux et doivent surmonter l'innommable. Certains y arriveront, mais pas forcément ceux qu'on croit.

Owen Sheers aborde avec brio plusieurs thèmes universels tels que la culpabilité, le pardon, la rédemption, mais aussi la résilience. Des sentiments qui touchent tous les protagonistes de manière différente.

Enfin le livre se termine sur une belle mise en abyme qui nous donne envie de revenir à la première page, juste là, en exergue, et qui changera peut-être notre perception de ce Michael ô combien humain en quête de rédemption.

Ce beau roman possède une qualité de plus, celle de pouvoir alimenter les débats autour de ceux qui l'auront lu et voudront confronter leurs points de vue...
Alors n'hésitez-pas !