samedi 2 avril 2016

Des romans "pour filles"... Argh


Est-il capable d'aimer ? Après la passion naît l'Amour - Va-t-il abandonner ?*

On aurait pu penser qu'un lieu tel que la librairie ou tout autre milieu culturel/intellectuel eût été épargné par une certaine forme de sexisme… Et pourtant, bien entendu, il n'en est rien. (Comme quoi c'est pas parce qu'on lit qu'on est plus intelligent que les autres !)


Preuve en est ces horribles romances commerciales qui continuent d'affluer sur les étagères des librairies jusqu'à l'écœurement, produits marketing issus de l'ouragan Fifty shades of Grey, aussi appelés avec un légère condescendance "littérature pour filles", "roman nana, girly", livre parfait pour l'été, "fan fiction"... Le dénominateur commun étant souvent un scénario qui ressemble à un mauvais conte de fées aux relents machistes, écrit par une femme qui l'a d'abord publié en épisodes sur internet, et qui a eu des tonnes de like !

Il y a quelques années, on parlait des romans Harlequin, dont les couvertures baroques représentaient une jeune femme lascive, lèvres entrouvertes, enlacée par un homme tout en muscles, sur fond de coucher de soleil rougeoyant. Bref de la littérature de supermarché assez vieillotte, pas très assumée parce que de piètre qualité littéraire. Mais c'était encore un peu comme voter pour le FN, on n'osait souvent pas l'avouer ! (Je vous rassure, la comparaison s'arrête là)

Aujourd'hui, les lecteurs de ces romances - juste liftées en remettant le contexte de l'intrigue dans notre époque, avec force stilettos Louboutin et Iphone6S - assument totalement leurs choix, peut-être parce qu'ils ont abaissé leur niveau d'exigence, peut-être parce qu'ils ont besoin de se faire du bien dans cette société cynique, ou peut-être encore parce que le libraire, pris en otage, ne peut plus montrer que cela en tête de gondole ?
Car il en reçoit par caisses de cette mauvaise came.
Pourquoi autant ? Et bien parce que si ça s'est vendu autant une fois, ça peut encore marcher se disent les éditeurs (des grands groupes comme Hachette, Interforum ou encore Flammarion) en se frottant les mains. Eux, ce sont les chiffres des ventes des Fifty shades of Grey, After... qui les font bander.
Heureusement, ils sont en train d'épuiser le filon à force de toujours raconter la même histoire de soft porno, lancée à grands coups de plans médias.

Si je m'offusque de constater qu'un certain milieu éditorial (Bien évidemment, pas tous ! Seulement les éditeurs qui ne voient dans le livre qu'un produit à vendre comme un autre, peu importe son contenu !!) ne voit dans la femme qu'une lectrice de roman à l'eau de rose, je suis aussi choquée de voir certains hommes ne demander que cela quand ils veulent faire un cadeau à une femme, comme ce vieux beau riche par exemple, qui a passé la porte de la librairie pour offrir un roman à sa jeune épouse. Bronzage qui sent les vacances à Saint Barth, montre de marque et accent digne de Belmondo.
Il m'explique qu'il lui faut un roman nana, un truc pour filles qui ne soit pas prise de tête, et surtout, surtout pas triste... Parce que sinon, et je cite dans le texte : Vous savez comment elles sont... (Suspense insoutenable) après, elles nous cassent les couilles ! Hein ? Hein !? Hein...

Ben oui voyons, c'est sûr qu'elles NOUS cassent les couilles quand elles lisent des romans un peu tristounets... D'ailleurs, je l'ai toujours dit !
Mais peut être au contraire qu'elles pleurent parce qu'elles voulaient lire du Bukowski... Hein ? Hein ?! Hein...



*exemples de blurbs qui figurent systématiquement sur la couverture de ces romans !

4 commentaires:

  1. Aaahhhh.... Le porno de la ménagère: un phénomène de société des années 2010 dont on se souviendra avec fierté et nostalgie dans les décennies à venir!

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  2. j'ai peur que les décennies à venir nous apporte pire encore ! Enfin si c'est possible, parce que là, on atteint déjà des sommets !

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  3. Moi qui ai lu pas mal de fanfiction pendant ma jeunesse dorée (lire: mon adolescence boutonneuse), je peux te promettre que ça peut être bien, bien pire... On est encore loin du sommet!

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    1. Mince alors, regarde un peu la vision de la femme qui y est véhiculée. Si en plus, c'est lu par des très jeunes filles, pas étonnant que certains clichés continuent d'exister ! (et je ne suis même pas féministe !)

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