Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre

Je viens de terminer un roman terriblement bien, excellent... Problème...Il traite de maltraitance... Mais comment je vais pouvoir le vendre ?

Et je prendrai tout ce qu'il y a à prendre, de Céline Lapertot, éditions Viviane Hamy

Alors... Attention, dans ce livre, il y a du suspense, il y a de l'émotion, il y a des rebondissements, il y a même une cave et un meurtre... Alors, ça vous dit ? ça vous dit ?

Et si un client me rétorque : Mmm, non pas celui-là, il a l'air trop triste !
Surtout ne pas répondre... Non, prendre juste une grande inspiration comme me l'a enseigné Sri Sri Ravi Shankar ... Et se retenir de s'écrier Ben bien sûr c'est triste, mais en même temps c'est la vie, non ? et la vie c'est pas les bisounours, non ?!
Puisque c'est ça, j'ai décidé d'employer des manières plus radicales : adopter le ton des démarcheurs téléphoniques ! Oui ceux-là même qui veulent à tout prix te mettre dans les pattes un abonnement : Vous êtes propriétaires ? Vous avez déjà le câble ? Vous avez quel système de chauffage ? Vous êtes hétéro ou homo...? Et si par malheur tu oses répondre que tu n'es pas intéressée, on te presse de te justifier : Et pourquoi ça ne vous intéresse pas ? Hein ? Hein ? 
Et là, je vais faire tout pareil : Je suis en train de te vendre un bouquin génial, certes qui parle de maltraitance, mais qui le fait avec justesse et dignité, et toi tu me dis que tu veux pas le prendre ? Et pourquoi exactement ?!
Un roman qui montre l'enfermement d'une gamine qui n'ose pas dénoncer les coups de son père, par peur de la répression encore plus forte de ce dernier après ?
Un roman qui décrit comment la parole d'une adolescente peut se retrouver cadenassée alors même que les enseignants, les services sociaux avaient décelé un problème dans cette famille ?
Un roman qui parle d'une gamine qui a mis dix-sept ans pour se sortir du joug paternel, face à une mère qui ne disait rien, complice et donc coupable, mais qui avait abandonné toute volonté de vivre, retranchée derrière son quotidien et fuyant les coups...?

Et toi tu me dis que tu veux tourner le dos à ce magnifique roman, que personnellement en plus j'ai ADORÉ... Sous le fallacieux prétexte qu'il est trop... triste ??!!

Bon, tiens prends le dernier Foenkinos... allez ouste !
On perd un de ces temps des fois...